J'accompagne depuis plusieurs mois différentes collectivités en France afin de les aider à promouvoir un développement économique solidaire ; Lequel n'est pas l'apanage des acteurs de l'Economie Sociale et Solidaire. Ces travaux m'ont donné l'occasion de produire quelques textes me permettant de préciser les enjeux d'un développement économique solidaire.
"Nombreux sont celles et ceux qui interrogent le modèle économique dominant en postulant que l’économie sociale et solidaire ouvre une autre voie et quelle serait selon l’expression interrogative de Maurice Parodi : «une alternative à l’économie capitaliste ?»
Dans le maelstrom d’inflation verbale d’aujourd’hui, les mots sont employés à tort et à travers et leur polysémie renforce l’incapacité des acteurs à se comprendre. Après «l’économie formelle», «l’économie informelle», «l’économie occulte», «l’économie autonome», cette expression «d’économie plurielle et territorialisée» ne contribue-t-elle pas à opacifier la multitude de discours et de gloses à propos de l’ESS ? Où, alors, au contraire, permet-elle d’apporter un autre regard sur l’activité économique générée par les entreprises de l’Economie sociale et solidaire au sein des différents territoires dans lesquels elle se déploie ?
Si «l’économie ne peut être réduite à une économie de type strictement capitaliste dont le principe de gouvernance reste calé sur la rémunération maximale des capitaux investis au profit exclusif des actionnaires» le mouvement de l’économie sociale qui vise depuis ses origines l’instauration d’une société plus équitable, plus solidaire et plus démocratique, participe bien «d’une économie plurielle» en mettant en avant un «modèle de développement économique viable, socialement équitable et écologiquement durable.»
Mais ces principes et valeurs énoncés sont-ils le seul apanage des entreprises de l’économie sociale ? De nombreuses entreprises de l’économie traditionnelle tentent, depuis toujours de conjuguer performance économique et justice sociale. Différents mouvements au sein du patronat et leurs syndicats professionnels revendiquent la place centrale de l’homme au sein de leurs entreprises. Plus encore, avec la Responsabilité Sociale de l’Entreprise, c’est l’entreprise citoyenne qui est promue capable d’innover économiquement, socialement et écologiquement. Et de l’entreprise citoyenne à l’entreprise sociale les cousinages sont mis en avant, souvent de façon hâtive, les finalités des unes et des autres ne pouvant s’assimiler. Les clivages historiques entre ces deux économies seraient-ils en train de s’estomper devant les limites d’un modèle économique à bout de souffle ?
Il est nécessaire d'encourager le dialogue entre "l'économie traditionnelle" et "l'économie sociale", de favoriser les rencontres entre les deux. N’y-a-t-il pas urgence, en effet, qu’elles envisagent, ensemble, une cohabitation territorialisée de deux «économies» expression de visions du monde différentes et proches à la fois ?"
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1 L’économie sociale et solidaire une alternative à l’économie capitaliste ? RECMA - Juillet 2009.
2 Maurice PARODI dans l’article cité ci-dessus évoque ces différentes expressions en les inscrivant dans une perspective historique.
3 «L’économie, c’est-à-dire l’activité économique ou la vue économique, vise fondamentalement à satisfaire les besoins du genre humain, c’est-à-dire les besoins les plus élémentaires (comme se nourrir, se loger, s’habiller, se soigner,...) ou les plus essentiels (comme s’éduquer, se cultiver, se déplacer,...) voire les plus secondaires ou les plus superflus. Beaucoup d’économistes sont d’accord avec la définition des sciences économiques d’Oscar Lange : c’est la science de l’administration des ressources rares (destinée à satisfaire les besoins des individus et des sociétés humaines)» Maurice praodi - Jam cit.
4 Maurice Parodi, jam cit.
5 «L’entreprise sociale est une entreprise dont l’activité économique est orientée vers une finalité sociale.» De l’entreprise sociale à l’économie plurielle : une opportunité pour l’ESS ? Nadine Richez-Battesti - Recma - Avril 2010.
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