Les médias nous l’assènent : la France entre, les quinze premiers jours d’Août, dans une torpeur estivale. Tout s’arrêterait donc ou presque. Les Français rejoindraient tous les plages pour s’empiler les uns contre les autres. Pensée dominante sans fondement sociologique ou réalité sociologique affligeante ? Ce que j’ai constaté ce week-end ne ressemble pas à ce que j’ai entendu. Lorsque l’on pénètre dans une maison de retraite, on n’a pas l’impression que le personnel est en congés. Bien au contraire, il s’active pour répondre aux multiples sollicitations des pensionnaires. Ils ont chaud. Ils sont mal. Ils geignent. Certains se plaignent avec vigueur, crient et leurs cris frisent l’hystérie. Tableau guère encourageant pour le visiteur occasionnel qui ne parvient pas à se familiariser avec les odeurs multiples que recouvrent des désodorisants aux remugles douteux. Pourtant, toutes les blouses blanches, avec calme et sans hausser la voix, tentent, avec le flegme d’une statue, de répondre à l’immédiateté des attentes, toutes plus urgentes les unes que les autres. Ces blouses blanches ne me font pas penser à des corps huilés, allongés en rangs de sardines, mais à de laborieuses abeilles butinant d’une chambre à l’autre. Même impression à l’hôpital où j’allais rendre visite à un ami. La sérénité des soignants rencontrés est une leçon de vie et d’humanité. Maurice est dans une situation très critique. Son corps crie grâce et lui échappe. Il pense vivre ses derniers instants. D’ailleurs son épouse raconte l’agonie de son mari dans un blog Cette déscente aux enfers donnée à voir et à lire dérange. Elle est écrite à la façon des entomologistes. Aucun détail n’est épargné au lecteur. Il se retrouve voyeur à son insu. Sentiment de malaise parfois. Mais aussi compréhension : cette écriture agit comme catharsis. Elle est une façon de se libérer d’un poids tous les jours plus lourd. Peut-être aussi une façon de contre-carrer un pouvoir médical omniscient. Et puis, il y a cette formidable pulsion de vie qu’exprime Maurice ici . Une leçon pour ceux qui ont oublié l’essentiel.
Les commentaires récents