Le joli mois de Mai est passé trop vite. Je n’ai pas pris le temps d’écrire les quelques lignes qui auraient composé cet éditorial. Mais là, avec le soleil qui se lève et qui éclaire le tilleul, j’ai voulu alimenter ce billet mensuel. L’alimenter en évoquant la mémoire d’une personne dont le rôle dans ma vie a été essentiel. J’avais 17 ans quand j’ai rencontré Jean Barbaza. Je vivais en communauté, à Roanne (42), dans une grande bâtisse qui faisait face au Foyer des Jeunes Travailleurs. Jean en assurait la Direction. Il avait la réputation d’être un homme dur aux positions tranchées. J’étais donc sur mes gardes lorsqu’il m’a apostrophé pour me demander ce que nous faisions dans cette grande maison. Premier contact et début d’une amitié qui ne s’est jamais démentie. Jean était un rebelle, un autodidacte. Il avait travaillé dans le textile, dans la grande distribution alimentaire avant de devenir Directeur du Foyer des Jeunes Travailleurs. De notre rencontre naîtra le Centre Coopératif de Réinsertion par le travail “La Charpente” : une des premières entreprises de réinsertion par le travail de France. Il me laissera accompagner les destinées de “La Charpente” pour prendre la Direction du Centre Pierre Cardinal à la Ville du Puy. Force de la nature à la puissance de travail inégalée, il est entré à l’ENA et est devenu Sous-Préfet. Premier poste en Nouvelle Calédonie dans le cadre des accords Matignon. Puis, d’autres nominations dans différentes Sous-Préfectures de France. Partout où il a été en poste, nous avons travaillé ensemble. Durant six années, l’Institut Régional d’Administration de Bastia dont il assurait la Direction a été son terrain d’expérimentation privilégié. Jean n’était pas dans les normes. Lorsque son contrat est arrivé à son terme, l’Etat ne lui a pas proposé de poste à sa démesure. Il s’est replié dans sa maison de Normandie. Puis, il y a un an, au mois
de Juin, il est revenu sur cette terre de Corse qu’il aimait tant pour en finir. C’est son choix. Je le respecte. Mais je ne parviens pas à m’en remettre. Jean Barbaza était un maître.
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