Je me suis rendu récemment à Madagascar. Je voudrais rapporter ici deux rencontres avec deux religieux. La première a eu lieu un Dimanche. Départ de très bonne heure dans un vieux 4X4 poussif. Une heure de piste pour effectuer 20 kilomètres. Arrivée sur un plateau dans le village où le Père Bergero, un sicilien, passe quatre jours par semaine dans une maison spartiate sans eau ni électricité. Puis, une heure de marche pour gravir la montagne et retrouver une communauté villageoise. Des enfants qui surgissent de nulle part et ne cessent de piailler devant ces hôtes inattendus. Des cris de joie et de peur mêlés lorsque d’étranges rectangles métalliques leur restituent instantanément leur image. Puis, une célébration dans une cathédrale : bâtiments de quatre murs qui attendent encore leur toit. Un repas partagé dans la pénombre d’une maison en briques séchées et le retour au camp de base. Un retour à l’occasion duquel le Père Bergero montre l’étendue de la connaissance qu’il a engrangée à l’égard de ce pays. Puis, un instant magique : une grappa Bernardini partagée en dégustant un vieux parmesan. Grappa et parmesan, cadeaux expédiés par un membre de sa famille à l’occasion de ses 60 ans. Il se dégage de ce jésuite longiligne et montagnard à l’évidence, un amour immodéré pour ce pays dans lequel il a débarqué à 24 ans pour ne plus en partir. Cet homme de la profondeur comme l’écrivait Michel Tournier est un robinson moderne. Quatre jours par semaine, il vit loin du tumulte de la civilisation urbaine et les trois autres jours il s’y plonge avec bonheur en utilisant avec passion tous les outils de la modernité. Etonnant personnage, fascinant, dont la sérénité est communicative. La deuxième rencontre avec le Père Pédro sera évoquée au prochain éditorial.
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